Un souffle, une ombre de Christian Carayon

Posted in Lecture
on 21 avril 2016

un souffle une ombreJ’ai lu il y a quelques jours Un souffle, une ombre de Christian Carayon. Été 1980, alors que la fête annuelle du club nautique des Crozes bat son plein, quatre adolescents décident d’aller passer la nuit entre eux sur un ilot situé à quelques mètres de l’endroit où leurs parents passent la soirée. Ils y sont sauvagement agressés et trois d’entre eux y laissent la vie. Une seule a survécu mais vit murée dans le silence protégée par son père. Après avoir suspecté plusieurs hommes proches du club nautique, les meurtres sont attribués à un tueur en série qui a sévit dans la région. Ce dernier n’a cependant jamais avoué. Marc-Edouard Peiresoles, professeur d’histoire à l’université de Toulouse  était âgé de 10 ans à l’époque des faits. Lui-même originaire de Valdérieu, il se souvient comment le drame à modifier le cours de sa vie et fait naitre des peurs dont il n’a jamais vraiment réussi à se débarrasser. 34 ans plus, il décide de relancer une enquête. Il va tenter de reconstituer ce qui s’est passé sur l’ilot ce soir-là et de démasquer l’assassin.

Mon avis ? J’ai bien aimé ce roman dans l’ensemble. Le premier truc que j’ai vraiment apprécié, c’est que l’enquête n’est pas mené par un flic mais par un professeur d’histoire dont la carrière bat de l’aile. C’est pas classique et c’est chouette. C’est d’autant plus chouette que l’histoire personnelle de Marc-Edouard Peiresoles trouve une certaine résonance dans la tuerie de Basse-Misère. La tuerie a fait naitre chez lui des peurs dont il n’a jamais réussi à se débarrasser. Marc-Edouard a eu peur et il a incarné ses peurs dans un personnage qu’il nomme Konitz. Aujourd’hui pour exorciser ses démons (et accessoirement tenter de relancer sa carrière), il se lance à corps perdu dans l’enquête sur la tuerie de Basse-Misère. Petit à petit, l’enquête prend le pas sur tout le reste. Marc-Edouard ne s’intéresse plus à rien d’autre. Il délaisse ses cours et ses élèves. Il part même s’installer dans la maison de son grand-père. S’il annonce à tout le monde vouloir faire œuvre d’historien et expliquer comment le drame a entrainé le déclin de la vallée, son but premier est bien de mettre un visage sur ses propres peurs. Franchement, c’est pas mal senti tout ça. Ce qui est intéressant aussi, c’est que du coup, l’enquête est menée comme un travail de recherche historique. Marc-Edouard épluche les journaux de l’époque, interroge les témoins. C’est très carré, froid, mathématique. Ça contribue à l’atmosphère sombre de ce roman.

Après ce qui m’a plu aussi dans ce roman, c’est les reconstitutions des évènements de l’été 1980. Alors que l’histoire est racontée à la première personne, ces passages sont racontés à la troisième personne par un narrateur omniscient. Tout est raconté comme si on y était. On revit ainsi les derniers instants d’Emmanuel et de Justine sur l’ilot. On plonge aussi au cœur des heures qui ont précédé le triple meurtre. On revit ce week-end du point de vue de la mère de Justine. On le revit du point de vue des enfants qui ont gravité autour de Justine toute la journée. Perso ce sont ces passages que j’ai préférés. Pour le reste, j’ai trouvé parfois que l’histoire de Marc-Edouard trainait en longueur. Ces passages m’ont des fois ennuyé et j’en aurais bien sauté un peu. Je m’en moquais un peu de son histoire avec son étudiante américaine :)

Franchement je vous recommande de vous plonger dans Un souffle, une ombre, ça vaut le coup :)

La quatrième de couverture : Été 1980. Le lac de Basse-Misère, dans le sud du Massif central. Un groupe d’adolescents de bonne famille est massacré sur l’ îlot où il était parti camper, en marge de la fête du club nautique local. Dans toute la région, l’onde est sismique. Comme un point de bascule irréversible, qui signe la fin d’une époque d’insouciance, et le début du déclin de la vallée.
À Valdérieu, principale agglomération du pays, quelque chose s’est brisé pour toujours. Trente-quatre ans plus tard, le meurtrier supposé croupit derrière les barreaux. Mais à l’université de Toulouse, le chercheur en histoire Marc-Édouard Peiresoles ne croit pas en sa culpabilité. Originaire de Valdérieu, et témoin impuissant du cataclysme alors qu’il n’était que collégien, il décide de retourner sur place, et de reprendre toute l’enquête. Comme on replonge dans ses propres traumatismes. Comme on lève le voile sur trois décennies de non-dits, en grattant le vernis d’une communauté beaucoup moins lisse qu’il n’y paraît. Derrière les fantômes des adolescents disparus, c’est bientôt le lac de Basse-Misère qui se réveille, tel un prédateur endormi. Déjà prêt à engloutir ses prochaines victimes…

Prochaine lecture : Phénix de Bernard Simonay

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