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Quitter le monde

Quitter le monde de Douglas Kennedy

Posted in Lecture
on 22 octobre 2010

9782266199964Jane Hovard a treize ans quand elle déclare à ses parents qu’elle ne se mariera jamais et n’aura jamais d’enfants car on ne peut être heureux comme ça. De cause à effet, son père quitte le domicile conjugal. Jane grandit, passe un doctorat de lettres à Harvard puis débute une carrière dans la finance avant de revenir à l’enseignement rattrapé par le passé  trouble de son père. Installée dans une petite ville, elle y rencontre Théo, un cinéaste dont elle tombera enceinte. Mais la vie est cruelle et Théo n’hésite pas à l’escroquer. Déprimée, fatiguée, en pleine dérive, elle perd sa fille dans un accident de la circulation. Et c’est la rupture, Jane tente de mettre fin à ses jours…

Douglas Kennedy a choisi de déverser sur son héroïne tous les maux de la terre. La vie n’épargne pas Jane, c’est le moins que l’on puisse dire. Écrit à la première personne à la manière d’une autobiographie, on va suivre l’héroïne de l’intérieur, plongé au plus profond de son âme, de ses peines et de ses tourments.  Et c’est sans doute ce qui fait la force de ce roman où Douglas Kennedy choisit d’analyser les affres de la culpabilité et son impact sur la construction de l’être. Jane est rongée par la culpabilité du début à la fin du roman. Elle est culpabilisée  d’abord par sa mère qui lui reproche le départ de son père; elle se culpabilise sur le suicide de son amant à Havard; elle culpabilise de la mort de sa fille qu’elle n’a pu empêcher; elle culpabilise après les horreurs qu’elle a pu dire à son collègue à la bibliothèques dans un moment de souffrance. La vie de Jane se construit autour de la culpabilité qu’elle ressent à chaque fois. Personnellement j’ai adoré ce roman. C’est sans doute mon préféré parmi tous ceux de Douglas Kennedy que j’ai pu lire.

La quatrième de couv’ : « Je ne me marierai jamais et je n’aurai jamais d’enfants. » Lorsqu’elle prononce cet arrêt, Jane a 13 ans. Le lendemain matin, son père aura fait ses valises. Hasard ? Coïncidence ? La culpabilité ne s’embarrasse pas de ces questions : toute sa vie, Jane s’en mordra les doigts.

De Harvard à Boston, des belles lettres aux manipulations boursières, tout ce qu’elle touche se dérobe, tout ce qu’elle aime lui échappe. Et lorsque, enfin, la vie lui fait un cadeau, c’est pour lui reprendre aussitôt. Alors Jane n’a qu’une obsession : fuir, n’importe où, hors du monde. Mais à vouloir le quitter, c’est lui qui vous rattrape…

Prochaine lecture : La vie d’une autre de Frédérique Deghelt