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Martin Winckler

La vacation de Martin Winckler

Posted in Lecture
on 31 mars 2014

la vacationLa semaine dernière, j’ai lu le premier roman de Martin Winckler, La Vacation. J’avais déjà lu il y a quelques années maintenant son roman Le cœur des femmes et j’en gardais un excellent souvenir (hormis la fin qui m’avait un peu déçue). Il était donc évident pour moi de lire celui-là dès qu’il me tomberait entre les mains. C’est chose faite. Avec La vacation parue ce mois-ci aux éditions Folio, l’auteur nous plonge dans le quotidien d’un médecin de campagne qui une fois par semaine pratique des IVGs à l’hôpital. Le narrateur nous raconte en effet sur trois jours les interventions qu’il pratique régulièrement trois heures par semaine mais aussi les affres de tout coucher sur le papier.

Alors, alors quel est mon avis sur ce roman ? Le premier truc qui surprend avec ce roman, c’est qu’il est écrit à la seconde personne du singulier. Le narrateur emploie en effet le « tu » un peu comme s’il s’adressait à un copain ou à un jeune collègue débutant à qui il voudrait transmettre son expérience. Passée la première surprise du mode de narration, on est surpris par le style. Et là, je dois dire que cela ne m’a pas spécialement plu. je m’explique : le récit mêle conversation et pensées du narrateur (en italique dans le texte) de façon que les phrases s’entremêlent, se télescopent. Les pensées du narrateur viennent interrompre les phrases en plein milieu, parfois même coupent un mot. La lecture de ces passages n’est pas aisée. J’ai trouvé cela assez dérangeant même.

Après, hormis le style assez déroutant, le récit est assez répétitif. Comme les IVG qui se répètent de semaines en semaines selon le même rituel, la description des interventions se répète avec la même force de détails médicaux, la même froideur aussi. Les descriptions des actes sont assez froides, sans émotion j’ai envie de dire. J’ai eu l’impression que cela s’opposait très nettement aux passages décrivant le processus d’écriture. J’ai été d’ailleurs assez surprise de ne pas lire d’avantage sur les interruptions volontaires de grossesses pratiquées par le Docteur Sachs et les sentiments que cela suscite de la part des patientes mais aussi du personnel soignant, du médecin lui-même. En effet si le roman démarre sur une description détaillée d’un mardi après-midi et des interruptions qu’il pratique ce jour-là, on dérive très vite sur les affres de l’écrivain en devenir. Les deux tiers du roman sont en effet consacrés au processus d’écriture. Si cela se lit bien dans l’ensemble, le récit traine en longueur et ce, même si le roman est assez court. Au final, je crois qu’après avoir lu la quatrième de couverture, je m’attendais à autre chose. Bref c’est une petite déception pour moi mais ça ne m’empêchera pas de lire quand même La maladie de Sachs.

La quatrième de couverture : «Tout en surveillant les mouvements du rideau, tu rabats les feuillets et tu poses le dossier derrière toi sur la paillasse.
Tu attends, les bras croisés, le bassin calé contre le plan carrelé, et parfois avec un peu d’impatience, que la femme se soit dévêtue et qu’elle apparaisse enfin en longue chemise de nuit ou en robe légère.
– Venez, Madame.
Tu lui souris, tu fais deux pas dans sa direction ; tu l’invites à s’approcher.»

Bruno Sachs, médecin généraliste, pratique des avortements lors de vacations hebdomadaires dans un hôpital.

Prochaine lecture : Sans oublier d’Ariane Bois

Le choeur des femmes de Martin Winckler

Posted in Lecture
on 17 mai 2011

A peine acheté, aussitôt lu. J’ai dévoré ce livre, sans retenu aucune, avide, refusant de le lâcher dans l’ascenseur qui monte à mon bureau. Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé!

Le choeur des femmes, c’est le récit d’une rencontre : celle de Jean Atwood et d’un vieux praticien pas comme les autres, Franz Karma. Quand Jean (prononcé Djiinn à l’américaine) arrive dans l’unité de Karma, elle est fière, arrogante, sure d’elle. Pour le jeune interne, sa place n’est pas là, à faire des consultations de gynécologie. Car ce qu’elle veut avant tout c’est opérer, réparer, reconstruire. Alors qu’elle traine des pieds et tente de se faire virer,  Karma lui propose un pacte : une semaine à consulter et à aider dans l’unité et si malgré tout elle considère qu’elle perd son temps, il la laissera partir en lui validant son semestre. Le roman va donc se dérouler sur une semaine, chaque partie correspondant à une journée dans la vie de Jean et de ses patientes. Le récit toujours à la première personne, se fait en effet alternativement par la bouche de Jean et des autres protagonistes, patientes ou personnels de l’hôpital. Tour à tour, au fil des chapitres, l’auteur évoque ainsi la relation patient/soignant, la contraception, la grossesse choisi ou non, le droit à l’IVG, la relation avec les labos pharmaceutiques. Et puis surtout, tout au long du roman, comme un fil rouge, il y a la question de l’hermaphrodisme. Beaucoup de personnages jusqu’à l’héroïne ont d’ailleurs un prénom ambigu, intersexué. Dans les premières pages du roman même, je n’avais pas compris que Jean était une femme. L’auteur maintient bien le suspense et ne laisse rien deviner à ce sujet.

Voilà pour moi un bon roman (j’ai pas lu les deux autres du même auteur, c’est le premier de Martin Winckler pour moi) si ce n’est peut-être la fin, un peu cousue de fil blanc, un peu à l’eau de rose. Une fin qui n’a pas trop ça place là et qui gâche un peu le reste. Dommage :)

La quatrième de couverture : Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de «Médecine de La Femme», dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit? Qu’il va m’enseigner mon métier? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre.

Prochaine lecture :La table des enfants d’Isabelle Hausser