Body de Harry Crews

Posted in Lecture
on 29 août 2017

Je viens de terminer Body de Harry Crews. Rappelez-vous, je l’avais mis sur ma PAL de l’été celui-là.

Nous voilà  transportés au Blue Flemingo, un hôtel à Miami à quelques jours de l’élection de Miss et Mister Csmos. La culturiste Shereel Dupont de son vrai nom Dorothy Turnipseed y fait figure de favorite à moins que sa rivale, Marvella Washington, une grande black shootée aux anabolisants ne lui passe devant. Alors que Shereel, sous la houlette de son coach Russel Morgan, ancien champion lui aussi, finit sa préparation, sa famille de ploucs complètement fol dingues débarque. Il y a les deux frères, Turner et Moteur, Earline, sa sœur complètement obèse, le financé revenu du Vietnam complètement cinglé. Grâce à Billy Bateman dit la chauve-souris qu’Earline a cru devoir sauver de ce qu’elle a cru être une crise cardiaque, tout ce petit monde va faire connaissance avec les pratiques du Bodybuilding.

Mon avis ? Passé la première surprise de la classification (il est où le meurtre qui justifierait la classification en roman policier ?), j’ai apprécié ma lecture. J’ai aimé cette plongée dans l’univers du Bodybuilding (univers que je ne connais pas du tout soit dit en passant). J’ai beaucoup aimé la comparaison entre les deux championnes : d’un côté, il y a Shereel qui s’est faite un corps à force de travail sous la houlette de Russell Morgan, un ancien champion qui n’a jamais gagné l’élection de Miser Cosmos et a reporté ses ambitions sur sa protégée; de l’autre, Marvella qui a façonné le sien à coup de piqures de tout un tas de produits anabolisants. Bon à ce stade, je crois qu’il faut préciser pour bien apprécier le contraste que le roman n’est pas récent non plus. Body est en effet paru pour la première fois en 1990 pour la version originale et en 1994 pour la version française. Ceci explique donc cela.  Et oui à l’époque il n’y avait pas  un tel tôlé autour des anabolisants.

J’ai adoré aussi le contraste entre les deux sœurs. Earline est tout le contraire de Shereel. Elle est grosse, elle mange sucré et gras à longueur de journée. Shereel, elle, façonne son corps à coups de privations. Parce que ce qui est au centre de ce roman finalement c’est bien le corps sous toutes ses formes (ça s’appelle pas Body pour rien non plus).

J’ai aimé la satire de la société sous-jacente à ce roman. L’une et l’autre de nos championnes traine derrière elle une sacrée famille : Marvella, c’est ses quatre sœurs complètement barrées; Shereel, sa famille de ploucs un poil raciste (si, si l’attitude face au personnel cubain ou même face aux noirs des Turnipseed est carrément raciste on ne peut pas le nier). Mais au final comment les détester ces ploucs venus du fin fond de leur cambrousse soutenir l’une des leurs ? Moi, j’ai adoré Earline, la sœur obèse de Shereel qui durant ce week-end va trouver l’amour en la personne d’un bodybuilder fasciné par son corps à l’opposé du sien. J’ai adoré la confusion entre « caratonie » et « catatonie » d’Earline. J’ai eu envie de la corriger à chaque fois :) Parce que finalement c’est drôle  tout ça (c’est comme le nom de Billy dit la chauve-souris : Bareman / Chauve-souris. Vous voyez ?)

Bon, j’ai beaucoup aimé aussi les personnages secondaires. Mr Friedkin le directeur de d’hôtel et ses perruques et Julian, le sous directeur qui rêve d’être calife à la place du calife. Ils m’ont bien fait rire ces deux-là aussi!

La fin m’a laissé baba. Je n’aurais pas imaginé qu’on en arriverait à telles extrémités. Il faut dire aussi que je n’avais pas fait attention au jeu des temps au début du roman. Attention si vous continuez votre lecture, je risque de vous mettre sur la piste de quelque chose :) Vous aviez vu, vous que l’on parlait de Shereel au passé dans les premières lignes du roman ? Non ? Bon bah je vous laisse le lire tranquillement alors :)

Bref tout ça pour dire que j’ai bien aimé Body d’Harry Crews :)

La quatrième de couverture : « Elle s’appelait Shereel Dupont, ce qui n’était pas son vrai nom. Trois mois qu’elle n’avait pas eu ses règles, mais elle n’était pas enceinte. Non, c’était mieux et pire que ça. C’était la faute au bodybuilding… » La faute aux protéines en poudre, aux régimes sans eau et aux développés-couchés sous une barre chargée de fonte. Le concours pour être Miss Cosmos se gagne dans le moindre détail. Russel Morgan, lui-même retiré des compétitions, ne laissera personne lui dérober le titre. Personne ne doit voir sa protégée. Ni le fiancé revenu du Vietnam, ni sa famille de ploucs complètement cinglée, encore moins les concurrents. Il n’y a pas de pitié. Juste le sacre et la beauté des corps. Juste ces cinq cents terribles grammes en trop pour être couronnée.

Prochaine lecture : Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers.

1 Comment

  • Audrey

    Coucou Lilli, je te découvre via ton commentaire sur mon blog ! je suis fan de lecture aussi, et j’ai eu une période ou je faisait beaucoup de musculation du coup je suis ravie de découvrir ce livre !!! Merci pour ton avis :) bises

    3 septembre 2017 at 15 h 32 min Reply
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